Viviane Tathy, survivante d’un viol : elle donne le sourire aux victimes

Viviane TATHY est une jeune camerounaise empreinte de douceur et d’empathie. Lorsque nous avons visité la maison rose de Dakar, elle coulait des larmes après avoir entendu l’histoire des femmes de ce centre d’accueil. En effet, Viviane a subi un viol à l’adolescence. N’eut été la compréhension et le soutien de son père, elle aurait sombré comme ces nombreuses victimes à travers le monde. Juriste de formation, elle lutte contre le culte du silence sur les cas de violences sexuelles et essaie de donner le sourire aux victimes à travers son Association ‘’sourires de femmes’’.

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Bonjour, Viviane, Pouvez-vous présenter ainsi que votre combat ?

Je suis Viviane TATHY, coordinatrice exécutive de l’association ‘’sourires de femmes’’. Une association que j’ai fondée avec d’autres jeunes femmes pour les droits des femmes au Cameroun.

Viviane soutenant une jeune fille

Mon combat est de soutenir les victimes de violences sexuelles

Mon combat est pour l’émancipation et l’autonomisation de la femme. A travers ce que j’ai vécu dans mon adolescence, j’ai pu m’en sortir grâce à l’amour de mon père. Mes études en droit, m’ont permis de rencontrer des jeunes filles qui ont vécu la même chose que moi mais ne bénéficient pas de soutiens et ont dû prendre des voies non recommandées. C’est ainsi que je me suis engagée contre les violences. Apporter à ces jeunes filles de l’espoir qui au-delà de leur cercle familial vont leur permettre de se battre pour elles-mêmes.

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Lors d'une visite familiale
Lors d’une visite familiale

L’amour de mon père a été capital pour ma cause actuelle!

Vous savez, moi j’ai été victime, je dirais plutôt survivante de violences sexuelles à quatorze ans par un voisin considéré comme un fils par mon papa. Un homme en tenue, qui m’a droguée et a abusé de moi et qui racontera plus tard que je l’ai provoqué. J’ai ensuite été calomniée et discriminée puis un mois plus tard, j’ai constaté que j’avais un retard menstruel. Une amie, assez éveillée, m’a affirmé que c’est possible que je sois enceinte. On est allé chez une personne qui m’a fait boire des décoctions. Mais cela fut sans effet, car je ne vois toujours pas mes menstrues à la deuxième période. Je m’inquiétais encore plus, puis nous (mon amie et moi) sommes allées chez le médecin de rue, il m’a donné des produits. Ce qu’il y a c’est que je m’apprêtais à pratiquer un avortement clandestin car je ne voulais pas que mon père apprenne mon état. En effet, j’avais peur.

Briser le culte du silence!

La réaction de mon père fut le contraire de mes craintes, il m’a soutenu, couverte d’amour et c’est en cela j’ai puisé ma force. C’est vrai que je me sentais brisée, mais le savoir à mes côtés m’a permis de croire en moi, m’a forgé et aider à faire des bons choix. Ce qui n’est pas le cas de ces jeunes filles. En effet, j’ai rencontré beaucoup de travailleuses du sexe, victimes de violences à l‘adolescence et que la communauté à trouver normal car elles sont des femmes et sont appelées avoir des rapports un jour. Je me suis engagée à les aider à trouver leur voie d’où mon association sourires de femmes.

Aider ces femmes à se reconstruire

Ce n’est pas du tout un plaisir d’être victimes de violences sexuelles, moi-même si je n’ai pas été frappée ou autres, je fus droguée et je me suis réveillée avec du sang et des douleurs au bas ventre. Cela a brisé mes relations avec les hommes, je les voyais comme des ennemis. Elles ne trouvent plus leur place dans la société d’où mon combat.

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Combien de filles avez-vous pu aider ?

Mon projet je l’ai commencé depuis le début de l’année 2019. Avant ça j’étais sous contrat avec Care Cameroun qui portait sur l’offre de santé aux populations clés. Mon contrat était de donner des conseils juridiques aux victimes de violences. Ça m’a alors permis de rencontrer des familles et comprendre le culte du silence en termes de violences sexuelles. J’ai rencontré une jeune fille mère, abusée par le mari de sa sœur. Elle en a parlé à sa sœur qui l’a renvoyé de chez elle. Nous avons cotisé pour l’aider à finir son année scolaire en 2018.

Viviane Tatty la coordinatrice

Ne baisse pas les bras!

On a également une maman dont la fille fut victime d’inceste. Étant dépendante du père, alors que celui-ci croupissait en prison, elle n’arrivait plus à assurer les charges familiales et doutait de sa décision de maintenir sa plainte. Nous avons sollicité les autorités afin de permettre à la jeune fille de reprendre le chemin de l’école. Il y a par ailleurs, une jeune fille victime de violences de la part d’un gang de garçon qui lui fait du chantage. Elle voulait quitter l’université mais nous l’avons dissuadé, de ne jamais troquer son avenir pour les hommes.

Pensez-vous que les droits des femmes connaissent une amélioration ?

Il y a une légère amélioration.

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6 réflexions sur « Viviane Tathy, survivante d’un viol : elle donne le sourire aux victimes »

  1. Courage ma belle dans ce combat où toutes les femmes doivent se mobiliser. ..Suis de tout coeur avec toi Viviane

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  2. Waouh chapeau à vous très combattante tu es une vraie guerrière, si vous étiez au Niger je serai ravie de travailler pour cette noble cause parce que dans mon pays le taux de viol ne cesse d’augmenter , malgré les sensibilisations et luttes, ces sauvages ne font que détruire la vie de ces pauvres jeunes filles

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  3. Pour Viviane TATHI, je m’exprime. Merci pour ce cri de coeur. Et contre ces actes et contre le silence des victimes.

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